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Albi Matter : musique, cigares, country

La dégustation d'un cigare n'est plus, depuis longtemps, le privilège d'une petite classe bien définie. On trouve aujourd'hui des amateurs et des amatrices de cigares dans toutes les parties de la population : riches ou pauvres, jeunes ou vieux, indépendamment de leur sexe ou de leur identité, normaux ou célèbres.
Dans ce dernier groupe, nous vous présenterons à partir de l'édition d'aujourd'hui des personnes connues aussi bien en tant qu'"aficionados du cigare" qu'en raison de leurs activités célèbres. Et nous commençons par A comme Albi Matter, le célèbre organisateur du légendaire festival de country de l'Albisgüetli à Zurich.

tdm : Albi, peux-tu te décrire en 3,4 mots ? Qui es-tu ?

AM : Je suis authentique, je ne fais pas semblant. Je suis honnête, fiable et je me donne toujours à fond.

tdm : OK, et comment était le jeune Albi ?

AM : A 20 ans, j'étais bien sûr un goujat, le monde m'appartenait ou je voulais le conquérir. J'étais curieux, je m'intéressais à tout. Par exemple, la musique, j'étais en tournée avec un groupe.

tdm : Tu as fait de la musique ? Tu as joué d'un instrument ?

AM : Non, j'étais road manager. Mes moments forts en musique se limitaient à jouer du saxophone dans une guggenmusik. Mais avant tout, j'étais un gars curieux.

Albi Matter et la légendaire icône Lorrie Morgan avec la limousine mise à disposition par LEXUS, 2013.

tdm : Qu'est-ce que l'Albi Matter d'aujourd'hui - tu as 72 ans - a en commun avec le jeune ?

AM : J'ai toujours cette grande curiosité en moi, je m'intéresse à tant de choses et mes journées passent si vite parce que je travaille dans une branche passionnante. Je lis aussi beaucoup, pas des romans, mais je suis abonnée à diverses revues, j'aime lire la politique. Et je continue à être très créative, ma créativité est un cadeau.

tdm : Peux-tu nous donner un exemple créatif ?

AM : Même deux...

En 1979, j'ai fondé le club privé "The Big Apple" à Zurich-Altstetten. C'était LE club à l'époque.

Et je gère désormais un artiste en pleine ascension, Florian Fox. Il est considéré comme le Jonny Cash de la Suisse, car sa voix de baryton peut être comparée à celle de Cash, l'icône de la country. Ce management exige de l'expérience et de la créativité.

tdm : Comment tes amis et compagnons de route les plus proches te décriraient-ils ?

AM : Vous diriez que je suis fiable, généreux et honnête. Que je me donne à fond, que je suis un battant.

Martin Schiess (à g.) de "k-direct" remet à la topstar Jeff Turner († 2020) le "Life Time Award" bien mérité (à dr. l'ex-manager de Turner, Albi Matter, 2019

tdm : Quelqu'un qui ne peut pas vivre sans travail ?

AM : Non, j'aime tout simplement travailler, sept jours sur sept. Bien sûr, le samedi et le dimanche, ce ne sont que quelques heures, mais mon travail n'est pas un fardeau pour moi. C'est plutôt un hobby. J'adore ce que je fais, car chaque jour m'apporte quelque chose de nouveau et me permet d'exprimer ma créativité. C'est le meilleur métier pour moi. À l'origine, je suis typographe de formation.

tdm : En plus du travail, on entend dire que la famille est également importante pour toi.

AM : Très bien. Je suis un homme de famille, j'ai en effet trois filles de mon premier mariage : Denise a 38 ans, Andrea 40 ans et Carol 42 ans. Nous avons une relation respectueuse, collégiale et agréable, nous nous téléphonons pratiquement tous les jours. Nous pouvons parler ouvertement des problèmes relationnels, de Dieu et du monde et de tout ce qui se trouve entre les deux. Ma plus jeune fille, Denise, a deux petits-enfants.
fier grand-père.

tdm : Et mari d'une sportive accomplie. Est-ce qu'on te voit aussi faire du sport ?

AM : Avant, je faisais du sport, je jouais au hockey sur glace à GC à l'âge de 15 ans. A l'époque, j'évoluais encore à la patinoire artificielle du Dolder, sans casque. Je n'étais pas un mauvais joueur, mais à 17 ans, j'ai subi une blessure à l'épaule qui m'a obligé à faire une pause. Ensuite, les filles aussi m'intéressaient de plus en plus, c'est pourquoi la pause dure encore aujourd'hui...

tdm : C'est ainsi que s'est terminée une carrière de hockeyeur pleine d'espoir. Tu n'as même pas entamé de carrière dans le badminton, car au sein de la famille...

AM : ... je n'aurais pas l'ombre d'une chance. Ma femme Winny est championne du monde de badminton des plus de 30 ans en double dames. Elle est originaire de Malaisie, où le badminton est le sport national. Elle est en pleine forme et très adepte du sport, alors que je ne fais plus que du VTT de temps en temps.

tdm : Tu profites de ta famille, de ton travail... et qu'est-ce qui fait encore partie de l'homme de plaisir Albi Matter ?

AM : Je suis un homme de plaisir, c'est vrai. Le cigare est bien sûr au premier plan, je ne peux rien faire sans cigare, je fume six à huit cigares par jour.

Les légendaires Bellamy Brothers se réjouissent de leur grande entrée en scène dans les loges avec le chef de programme Albi Matter et l'épouse de Howard, 2009

tdm : Comment es-tu venue au cigare ?

AM : J'ai fumé des cigarettes pendant des années, et lorsque je suis devenu père et que mes filles ont atteint la puberté, j'ai arrêté de fumer des cigarettes, car je voulais leur montrer le bon exemple, leur servir de modèle. J'ai arrêté de fumer à plusieurs reprises, une trentaine de fois. Un jour, j'y suis parvenu, vers 40 ou 42 ans, et je n'ai pas fumé du tout pendant un an. Plus tard, quand on m'a offert un cigare, je l'ai fumé et j'ai trouvé ça encore très confortable et agréable.

tdm : Depuis, tu y as pris goût et tu es même devenu ambassadeur de la marque.

AM : Je suis allé plusieurs fois à Cuba au début des années 90 et, lors d'un vol de retour en Suisse, j'ai lu un article sur Avo Uvezian. Avo était un connaisseur de cigares et un musicien qui s'est transformé en producteur de cigares. C'est grâce à lui que les fameux cigares "AVO" de la République dominicaine existent. A l'époque, je m'occupais de l'organisation d'un festival de blues qui devait se dérouler dans 21 lieux au cours d'un week-end et je cherchais encore des sponsors. J'ai pris contact avec la société Oettinger Davidoff, qui commercialise la marque "AVO". J'ai dû m'adresser au CEO de l'époque, j'ai présenté mes plans et le résultat a été que j'avais un sponsor généreux pour mon festival de blues et que j'étais désormais l'ambassadeur de la marque de cigares "AVO".

tdm : Quels cigares fumes-tu et quel est ton comportement quotidien en matière de tabagisme ?

AM : Le matin, j'ai mon rituel : ma femme Winny part travailler et je commence la journée avec mes journaux, mon premier café et mon premier cigare dans le jardin d'hiver. Entre 9h et 9h30, je vais chercher mon courrier à la boîte postale et je fume mon deuxième cigare dans la voiture. La plupart du temps, je fais encore le tour du pâté de maisons pour pouvoir le savourer un peu plus longtemps. Aux alentours du déjeuner, je m'autorise un troisième cigare. Comme je travaille à la maison, je peux toujours faire une pause dans le jardin d'hiver, avec un café et un autre cigare. Le soir, quand Winny s'entraîne au badminton, je termine tranquillement la journée en lisant et en savourant un dernier cigare. Je n'ai pas de marque préférée, j'en ai essayé plusieurs, et en ce moment, j'aime bien les cigares "Dominico" Torpedo de Villiger.

tdm : Tu es donc polyvalent en ce qui concerne tes cigares - est-ce également le cas pour la musique ?

AM : Oui, en tant qu'agent d'artistes et organisateur, il faut tout simplement être polyvalent. J'écoute principalement la radio, parfois Radio 1, parfois Radio Zürisee et j'aime tout écouter, du rock au jazz en passant par le blues et - of course - la country. C'est à ce style que je m'adonne toujours le dimanche soir de 20h00 à 22h00 sur SRF 1, le "Country Special".

Freddie Mercury, 1980

tdm : Of course. La presse te surnomme le pape de la country et tu organises le plus grand festival de musique country du monde, qui s'est déroulé du 2 février au 3 mars 2024.

AM : A l'Albisgüetli de Zurich, c'est vrai. Et ce, pour la 38e fois déjà.

tdm : Tu pourrais sans doute raconter des anecdotes à l'infini. Malheureusement, nous n'avons pas assez de place. Mais nous aimerions t'entendre raconter un ou deux moments forts.

AM : Les Dixie Chicks, qui s'appellent aujourd'hui "The Chicks", me viennent spontanément à l'esprit. J'ai été le premier à les faire venir en Europe, alors qu'ils étaient encore inconnus. Ils ont donné deux concerts à l'Albisgüetli, pour presque rien. Ils ont ensuite pris leur envol et jouent aujourd'hui dans la cour des grands. Nous avions des grands comme Marty Stuart, lauréat d'un Grammy, et son épouse Connie Smith. Malheureusement, nous n'avions pas d'artistes comme Willie Nelson ou des artistes comme Dolly Parton, qui font partie du top 20 de la scène.

tdm : Ils auraient probablement explosé ton budget.

AM : Nous ne sommes pas du tout un sujet pour de tels artistes, ils remplissent facilement un Hallenstadion. Nous accueillons les artistes que l'on peut encore payer et qui sont sur le point d'accéder à l'élite. Je ne veux pas non plus demander 150 francs pour un billet. Le prix de nos concerts doit être abordable, car notre public veut aussi manger et boire quelque chose. Une seule fois, j'ai dû augmenter sensiblement le prix des billets lorsque j'ai fait monter sur scène Kiefer Sutherland, le célèbre acteur et musicien.

tdm : Pour un festival de cette taille, il faut aussi une grande équipe. Quelles sont tes tâches au sein de cette équipe ?

AM : J'ai cofondé et créé le festival de musique country en 1985.
et je suis quasiment son visage. J'organise tout à l'extérieur : J'engage les artistes, je vais les chercher, j'établis tous les contrats et je réserve leurs hôtels. Je trouve des sponsors, j'entretiens le contact avec eux, je suis le point de contact pour la presse et je suis responsable du programme. En été, je m'envole pour Nashville et je réserve les musiciens et musiciennes pour la prochaine édition du festival. Par ailleurs, j'organise en septembre 2024 la deuxième édition de "Country Music on The River", de Bâle à Amsterdam, avec trois groupes de country de premier plan à bord.

tdm : Albi, tu as maintenant 72 ans. Qui fera un jour ce travail énorme à ta place ?

AM : Personne.

tdm : Personne ? Tu n'as pas construit de successeur ?

AM : C'est une bonne question. Mais qui veut ou peut le faire ? Mon capital n'est pas l'argent, mais le réseau que j'ai construit au fil des décennies. Il en va de même pour mon entreprise : la "machine à écrire" ou le bureau n'ont aucune valeur. C'est le réseau, le savoir-faire - et cela ne se vend pas. Pour moi, cela signifie rester en bonne santé encore longtemps. En outre, je suis très motivé et j'aime mon travail. Et je veux en tout cas encore vivre le 40e festival de musique country.

tdm : C'est aussi valable pour moi. Cher Albi, je te remercie pour cet entretien.

Photo de la couverture : © Jan Strobel / Tagblatt der Stadt Zürich

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